Pourquoi (en France) porte-t-on son alliance à la main gauche ?
« Elle n’est pas née celle qui me passera la bague au doigt », claironnent les célibataires endurcis pour qui l’anneau nuptial se confond avec un collier pour chien. Que celles, forcément nombreuses, que la perspective de me prendre pour légitime époux titille se rassurent : je ne suis pas de cette engeance. Certes, après un demi-siècle d’existence, je n’ai du mariage qu’une expérience fort limitée : j’en ai été le témoin, jamais la victime. Pour autant, je n’écarte pas l’idée de sacrifier un jour à ce rite ancestral. Après tout, comme le dit ma grand-mère, ma tendre reine des dictons populaires, « toutes les bonnes choses ont une fin ». Pourquoi mon célibat ferait-il exception ?
En passant devant le maire (que Dieu me garde de ses curés !) pour convoler en justes noces, je ne ferai que souscrire à l’un des rites les plus anciens de l’Humanité. Si l’on ignore évidemment si Néandertal et Cro-Magnon pratiquaient un semblant de cérémonial nuptial et, le cas échéant, s’il y avait du mammouth fumé au banquet, on sait en revanche que les civilisations les plus anciennes de l’Antiquité s’unissaient déjà dans les formes. Comme les Égyptiens, par exemple…
À l’égal de leurs dieux qui, tels Isis et Osiris, fonctionnaient quasiment tous en tandem, les sujets de Pharaon, quel que soit leur rang social, se cherchaient une moitié avec qui partager un foyer. Les épousailles se limitaient alors au service minimum tel qu’on le conçoit aujourd’hui à la SNCF, c’est-à-dire à pas grand-chose. Les époux se contentaient de vœux communs prononcés en présence de quelques proches. « Je te prends pour époux, je te prends pour épouse », emballé, c’est pesé ! Mais si l’affaire était vite conclue, elle n’en restait pas moins importante aux yeux de ces braves constructeurs de pyramide. À l’époque, on se mariait fréquemment par amour et l’on se témoignait un respect mutuel, les jeunes femmes d’alors étant libres de choisir leurs compagnons, de conserver leurs noms et leurs biens et, si jamais leur bonhomme venait à les décevoir, de divorcer.
LES HELLÈNES ET LES GARÇONS
Il faudra attendre un bon paquet de millénaires avant que les femmes ne retrouvent semblables prérogatives. C’est que la libéralité des fils et filles de Rê n’a pas fait école. Loin s’en faut ! Les Grecs, par exemple, avait un tout autre point de vue sur l’union des deux sexes. Les compatriotes d’Alexandre, Platon et Périclès n’ont pas qu’inventé la démocratie. Ils ont aussi installé ce qui ressemble bien à son contraire : la phallocratie. La domination de l’homme sur la femme. Se vengeaient-ils des colères et turpitudes de leurs déesses, Héra la jalouse, Athéna la guerrière ou Aphrodite la vile séductrice ? Toujours est-il que, tout philosophes qu'ils fussent, les Grecs de ce temps-là n'accordaient guère d'importance à leurs compagnes.
Sitôt nubile, la jeune Hellène verse dans le cauchemard d'une vie conguale au parfum de servitude. Pour commencer, elle devient une marchandise, l’enjeu d’une âpre négociation entre son père d’un côté et, de l’autre, son promis que, dans le meilleur des cas, elle n’aura qu’à peine entrevu. Ça discute ferme sur la dot (phernē en V.O.) et ça ne cause qu’alliance, puissance et finance, jamais d’amour, comme deux banquiers d’affaires traitant une fusion-acquisition.
Le sort des épouses romaines, surtout quand elles sont issues de riches familles, est quelque peu meilleur que celui des Grecques. Ne serait-ce que parce qu’elles ont le droit de demander le divorce et de s’en retourner alors dans leur famille avec leur dot en poche. Et forcément, quand on menace son portefeuille, l’homme est plus enclin à faire des efforts. Pour autant, à Rome comme à Athènes, le mariage relève plus d’un business-plan que d’une histoire d’amour. Il va pourtant retrouver cette teinte rose tendre qu’il avait chez les Égyptiens grâce aux… Chrétiens.
UNIS JUSQU'À LA MORT
Au IVe siècle, selon la volonté de l’Empereur Théodose, le christianisme devient l’unique religion de l’Empire romain. La toute jeune Église se met alors en tête d’imposer ses vues sur le mariage comme sur bien d’autres sujets. Pour elle, toute nouvelle union doit être monogame et librement consentie par les deux époux. Seulement voilà, comme tout le monde le sait, chaque médaille a son revers et le mariage chrétien n’échappe pas à la règle. Son plus grand défaut : il est indissoluble. Adieu le divorce ! La faute à saint Paul de Tarse, le « treizième apôtre », théoricien de la religion des premiers jours, qui, dans sa Première épître aux Corinthiens, s’appuyant sur quelques mots de la Genèse — « C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » — proclame que ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire. Dont acte.
Dans ces conditions, mieux vaut aimer son conjoint. Du coup, ces dames rechignent à se lier à un jeune freluquet ou un vieux gâteux au seul motif qu’il plaît à leur père. Quant aux hommes, ils se trouvent bien embêtés quand une donzelle bien plus engageante que leur matrone, croise leur chemin. Ainsi, l’amour triomphe, les bâtards pullulent et tout aristocrate fortuné vit dans la crainte d’une mésalliance. Résultat, ça gronde dans les donjons ! Au point que le pape, gardien de la foi et, tout autant, des intérêts de l’Église et de ses plus généreux donateurs, doit s’en mêler.
« ALLIANCE AU DOIGT : ON EST UN PIGEON BAGUÉ. »
DES RITES IMMUABLES
Si le protestantisme et les pays qui l’ont adopté autorisent le divorce, si le Roi Henri VIII d’Angleterre crée l’Église anglicane à seule fin de se débarrasser de sa première femme et d’épouser dans la foulée Anne Boleyn, sa maîtresse, la France, elle, en brave fille aînée de l’Église, suit les préceptes catholiques jusqu’en 1792. À cette date, refusant tout autant la tutelle du Seigneur que celle des seigneurs, les Sans-culottes révolutionnent le rite nuptial en imposant le mariage civil et en rétablissant dans le même temps le divorce. Le premier résiste à l’Empire et à la Restauration. Le second, en revanche, est finalement abrogé en 1816 devant le nombre de femmes jetées à la rue, sans le sou, par des maris sans scrupules, déjà épris de leur remplaçante. Il sera restauré en 1884 avec, cette fois, un droit de pension pour madame.
Aujourd’hui, un couple français sur deux finit devant le juge pour se séparer officiellement. Un taux d’échec consternant qui n’a pas empêché quatre-cent-soixante-dix mille de nos compatriotes, parmi lesquels de nombreux récidivistes, de se lancer en 2018 dans l’aventure conjugale. C’est que l’on a pas fait mieux pour concrétiser son amour que cette cérémonie, qu’elle soit laïque ou religieuse. Toute sa liturgie contribue en effet à en faire un instant aussi solennel que saisissant. On se dit « oui » d’une voix troublée par l’émotion, on embrasse sa moitié comme si c’était la première fois ou bien encore, selon une tradition apparue assez tardivement, au milieu du XIXe siècle, on parade dans sa robe d’un jour, d’un seul, blanche de préférence, symbole de sa pureté, sinon de sa virginité.
Et puis surtout, il y a l’échange des alliances. Parce que, pour eux, le cercle était le symbole évident de l’éternité, les Égyptiens, les premiers, ont introduit cet usage, il y a six mille ans. Après la conquête de leur pays par Alexandre le Grand, le rite débarque en Grèce, puis, des siècles plus tard, rebondit à Rome. De là, il se répand dans tout le monde chrétien. La bague qui n’est pas encore en or mais d’un métal bien moins précieux, du fer le plus souvent, est de toutes les noces. Elle est alors l’apanage du marié qui, en gage de sa fidélité, la glisse généralement sur le quatrième doigt de son épouse que l’on finit par appeler l’annulaire.
Mais à quelle main arborait-on alors l’alliance ? La droite, essentiellement, la gauche étant dans le monde médiéval la main du Diable, à cause de Mathieu et de son Évangile dans laquelle il est écrit : « …il dira à ceux qui seront à sa gauche : retirez-vous de moi, maudits, allez donc dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ». Mais en 1686, A Treatise of Espousal or Matrimonial Contracts, un obscur traité sur le mariage rédigé par un avocat anglais du nom de Henry Swinburne, va changer les habitudes. Il ressuscite en effet une vieille croyance égyptienne, reprise par leurs envahisseurs grecs : la Vena amoris, la Veine de l’amour. Selon les savants hellènes, cette veine reliait directement le quatrième doigt de la main gauche au cœur. Il n’en fallait pas plus pour qu’outre-Manche, puis en France, on affiche soudain son alliance au plus romantique des doigts.
Voilà pourquoi on porte aujourd’hui encore son alliance à l’annulaire gauche. Enfin, dans certains pays, la pratique étant loin de prétendre à l’universalité. C’est ainsi que les Espagnols, à l’exception des Catalans, les Allemands et leurs voisins autrichiens, les Norvégiens et une grande partie de l’Europe slave ont résisté à la mode anglaise et privilégient toujours la main droite. Quant aux Néerlandais, on les a connu plus consensuels, puisque les Catholiques la portent à gauche quand les Protestants, eux, préfèrent la mettre à droite. Et je ne sais pas vous, mais moi, de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), que ce soit en célibataire endurci ou en mari comblé, ça me ravit.
Le vase antique — Wikipedia
La bague au doigt — Jeongim Kwon, via Unsplash
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En passant devant le maire (que Dieu me garde de ses curés !) pour convoler en justes noces, je ne ferai que souscrire à l’un des rites les plus anciens de l’Humanité. Si l’on ignore évidemment si Néandertal et Cro-Magnon pratiquaient un semblant de cérémonial nuptial et, le cas échéant, s’il y avait du mammouth fumé au banquet, on sait en revanche que les civilisations les plus anciennes de l’Antiquité s’unissaient déjà dans les formes. Comme les Égyptiens, par exemple…
À l’égal de leurs dieux qui, tels Isis et Osiris, fonctionnaient quasiment tous en tandem, les sujets de Pharaon, quel que soit leur rang social, se cherchaient une moitié avec qui partager un foyer. Les épousailles se limitaient alors au service minimum tel qu’on le conçoit aujourd’hui à la SNCF, c’est-à-dire à pas grand-chose. Les époux se contentaient de vœux communs prononcés en présence de quelques proches. « Je te prends pour époux, je te prends pour épouse », emballé, c’est pesé ! Mais si l’affaire était vite conclue, elle n’en restait pas moins importante aux yeux de ces braves constructeurs de pyramide. À l’époque, on se mariait fréquemment par amour et l’on se témoignait un respect mutuel, les jeunes femmes d’alors étant libres de choisir leurs compagnons, de conserver leurs noms et leurs biens et, si jamais leur bonhomme venait à les décevoir, de divorcer.
LES HELLÈNES
ET LES GARÇONS
Il faudra attendre un bon paquet de millénaires avant que les femmes ne retrouvent semblables prérogatives. C’est que la libéralité des fils et filles de Rê n’a pas fait école. Loin s’en faut ! Les Grecs, par exemple, avait un tout autre point de vue sur l’union des deux sexes. Les compatriotes d’Alexandre, Platon et Périclès n’ont pas qu’inventé la démocratie. Ils ont aussi installé ce qui ressemble bien à son contraire : la phallocratie. La domination de l’homme sur la femme. Se vengeaient-ils des colères et turpitudes de leurs déesses, Héra la jalouse, Athéna la guerrière ou Aphrodite la vile séductrice ? Toujours est-il que, tout philosophes qu'ils fussent, les Grecs de ce temps-là n'accordaient guère d'importance à leurs compagnes.
Sitôt nubile, la jeune Hellène verse dans le cauchemard d'une vie conguale au parfum de servitude. Pour commencer, elle devient une marchandise, l’enjeu d’une âpre négociation entre son père d’un côté et, de l’autre, son promis que, dans le meilleur des cas, elle n’aura qu’à peine entrevu. Ça discute ferme sur la dot (phernē en V.O.) et ça ne cause qu’alliance, puissance et finance, jamais d’amour, comme deux banquiers d’affaires traitant une fusion-acquisition.
Le sort des épouses romaines, surtout quand elles sont issues de riches familles, est quelque peu meilleur que celui des Grecques. Ne serait-ce que parce qu’elles ont le droit de demander le divorce et de s’en retourner alors dans leur famille avec leur dot en poche. Et forcément, quand on menace son portefeuille, l’homme est plus enclin à faire des efforts. Pour autant, à Rome comme à Athènes, le mariage relève plus d’un business-plan que d’une histoire d’amour. Il va pourtant retrouver cette teinte rose tendre qu’il avait chez les Égyptiens grâce aux… Chrétiens.
UNIS JUSQU'À LA MORT
Au IVe siècle, selon la volonté de l’Empereur Théodose, le christianisme devient l’unique religion de l’Empire romain. La toute jeune Église se met alors en tête d’imposer ses vues sur le mariage comme sur bien d’autres sujets. Pour elle, toute nouvelle union doit être monogame et librement consentie par les deux époux. Seulement voilà, comme tout le monde le sait, chaque médaille a son revers et le mariage chrétien n’échappe pas à la règle. Son plus grand défaut : il est indissoluble. Adieu le divorce ! La faute à saint Paul de Tarse, le « treizième apôtre », théoricien de la religion des premiers jours, qui, dans sa Première épître aux Corinthiens, s’appuyant sur quelques mots de la Genèse — « C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » — proclame que ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire. Dont acte.
Dans ces conditions, mieux vaut aimer son conjoint. Du coup, ces dames rechignent à se lier à un jeune freluquet ou un vieux gâteux au seul motif qu’il plaît à leur père. Quant aux hommes, ils se trouvent bien embêtés quand une donzelle bien plus engageante que leur matrone, croise leur chemin. Ainsi, l’amour triomphe, les bâtards pullulent et tout aristocrate fortuné vit dans la crainte d’une mésalliance. Résultat, ça gronde dans les donjons ! Au point que le pape, gardien de la foi et, tout autant, des intérêts de l’Église et de ses plus généreux donateurs, doit s’en mêler.
« ALLIANCE AU DOIGT :
ON EST UN PIGEON BAGUÉ. »
DES RITES IMMUABLES
Si le protestantisme et les pays qui l’ont adopté autorisent le divorce, si le Roi Henri VIII d’Angleterre crée l’Église anglicane à seule fin de se débarrasser de sa première femme et d’épouser dans la foulée Anne Boleyn, sa maîtresse, la France, elle, en brave fille aînée de l’Église, suit les préceptes catholiques jusqu’en 1792. À cette date, refusant tout autant la tutelle du Seigneur que celle des seigneurs, les Sans-culottes révolutionnent le rite nuptial en imposant le mariage civil et en rétablissant dans le même temps le divorce. Le premier résiste à l’Empire et à la Restauration. Le second, en revanche, est finalement abrogé en 1816 devant le nombre de femmes jetées à la rue, sans le sou, par des maris sans scrupules, déjà épris de leur remplaçante. Il sera restauré en 1884 avec, cette fois, un droit de pension pour madame.
Aujourd’hui, un couple français sur deux finit devant le juge pour se séparer officiellement. Un taux d’échec consternant qui n’a pas empêché quatre-cent-soixante-dix mille de nos compatriotes, parmi lesquels de nombreux récidivistes, de se lancer en 2018 dans l’aventure conjugale. C’est que l’on a pas fait mieux pour concrétiser son amour que cette cérémonie, qu’elle soit laïque ou religieuse. Toute sa liturgie contribue en effet à en faire un instant aussi solennel que saisissant. On se dit « oui » d’une voix troublée par l’émotion, on embrasse sa moitié comme si c’était la première fois ou bien encore, selon une tradition apparue assez tardivement, au milieu du XIXe siècle, on parade dans sa robe d’un jour, d’un seul, blanche de préférence, symbole de sa pureté, sinon de sa virginité.
Et puis surtout, il y a l’échange des alliances. Parce que, pour eux, le cercle était le symbole évident de l’éternité, les Égyptiens, les premiers, ont introduit cet usage, il y a six mille ans. Après la conquête de leur pays par Alexandre le Grand, le rite débarque en Grèce, puis, des siècles plus tard, rebondit à Rome. De là, il se répand dans tout le monde chrétien. La bague qui n’est pas encore en or mais d’un métal bien moins précieux, du fer le plus souvent, est de toutes les noces. Elle est alors l’apanage du marié qui, en gage de sa fidélité, la glisse généralement sur le quatrième doigt de son épouse que l’on finit par appeler l’annulaire.
Mais à quelle main arborait-on alors l’alliance ? La droite, essentiellement, la gauche étant dans le monde médiéval la main du Diable, à cause de Mathieu et de son Évangile dans laquelle il est écrit : « …il dira à ceux qui seront à sa gauche : retirez-vous de moi, maudits, allez donc dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ». Mais en 1686, A Treatise of Espousal or Matrimonial Contracts, un obscur traité sur le mariage rédigé par un avocat anglais du nom de Henry Swinburne, va changer les habitudes. Il ressuscite en effet une vieille croyance égyptienne, reprise par leurs envahisseurs grecs : la Vena amoris, la Veine de l’amour. Selon les savants hellènes, cette veine reliait directement le quatrième doigt de la main gauche au cœur. Il n’en fallait pas plus pour qu’outre-Manche, puis en France, on affiche soudain son alliance au plus romantique des doigts.
Voilà pourquoi on porte aujourd’hui encore son alliance à l’annulaire gauche. Enfin, dans certains pays, la pratique étant loin de prétendre à l’universalité. C’est ainsi que les Espagnols, à l’exception des Catalans, les Allemands et leurs voisins autrichiens, les Norvégiens et une grande partie de l’Europe slave ont résisté à la mode anglaise et privilégient toujours la main droite. Quant aux Néerlandais, on les a connu plus consensuels, puisque les Catholiques la portent à gauche quand les Protestants, eux, préfèrent la mettre à droite. Et je ne sais pas vous, mais moi, de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), que ce soit en célibataire endurci ou en mari comblé, ça me ravit.
Le vase antique — Wikipedia
La bague au doigt — Jeongim Kwon, via Unsplash