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Pourquoi vend-on les œufs (et les huîtres) à la douzaine ?

"Mettez m'en une douzaine..." Qui n'a jamais entendu cette phrase chez son boucher, son poissonnier ou son épicier, du moins, en ce qui concerne ce dernier, quand Carrefour City n'avait pas encore abrégé son agonie. Dans un monde où règne le système décimal, cet îlot de résistance ne manque pas d'étonner. D'où vient-il ? Du Moyen-âge.
Qui, enfant, n’a jamais compté sur ses doigts ? Affublée du doux nom scientifique de “dactylonomie”, la pratique est quasiment universelle, même si les méthodes varient d’un bout à l’autre de la planète. Ainsi, il en va des doigts comme des taxes : l’Union européenne est incapable d’harmonisation. Tandis que nos chères têtes blondes commencent systématiquement l’opération avec le pouce, les têtes rousses irlandaises et les brunes de Grèce démarrent avec l’index. Et si aux Etats-Unis comme sur le Vieux Continent, on déplie les doigts les uns après les autres, au Japon, on ouvre d’abord toute grande sa menotte pour replier un doigt par unité, le pouce en premier.  Essayez ; cela n’a rien d’évident !

Il existe une autre technique pour compter sur ses doigts : celle dite des phalanges. Au fil de l’énumération, on pointe du pouce les phalanges des quatre autres doigts. Si elle est désuète aujourd’hui, la méthode a longtemps fait le bonheur de nos aïeux qui, faute d’avoir suivi les préceptes de Charlemagne, ont dû attendre l’avènement de la IIIe République et les fameuses lois Jules Ferry pour maîtriser vraiment l’algèbre. Résultat : au Moyen-âge et bien après, à huit ans comme à quarante, dans les commerces et sur les marchés, on comptait régulièrement avec les doigts.

TROIS PHALANGES POUR UN DOIGT

Il n’est pas facile, cependant, de compter avec ses deux mains quand on est encombré d’un panier plein de victuailles. Ainsi, plutôt que de poser ses courses à leurs pieds et de prendre alors le risque de les souiller ou de se les faire chaparder, nos ancêtres utilisaient-ils volontiers la méthode des phalanges qui leur permettait de compter vite et bien sans lâcher l’anse. Or, cette pratique introduit un système non pas décimal, mais duodécimal. Car, faites le compte vous-même, de la première de l’index à la dernière du petit doigt, à l’exception de feu le Baron Empain et de quelques menuisiers, chacun possède douze phalanges.

Avec la technique des phalanges, c’est donc à douze que le compte est rond. Ce qui incitait les ménagères d’antan à acheter leurs œufs et bien d’autres choses à la douzaine. L’usage a survécu, même si, désormais, les candidat(e)s à la Présidentielle mise à part, vu qu’ils sont infoutu(e)s de compter correctement à l’heure d’établir leur programme, les Français, passé le primaire, manient plus ou moins aisément les chiffres sans avoir à les concrétiser sur leurs doigts.

Voilà pourquoi on trouve encore des boîtes de douze œufs (bio de préférence !) dans les supermarchés et des assiettes de douze fines de claire dans tous les restaurants d’Oléron. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), ça me ravit.
Et puisqu'il se dit qu'en France, tout se termine par une chanson, je vous offre celle-là :
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Qui, enfant, n’a jamais compté sur ses doigts ? Affublée du doux nom scientifique de “dactylonomie”, la pratique est quasiment universelle, même si les méthodes varient d’un bout à l’autre de la planète. Ainsi, il en va des doigts comme des taxes : l’Union européenne est incapable d’harmonisation. Tandis que nos chères têtes blondes commencent systématiquement l’opération avec le pouce, les têtes rousses irlandaises et les brunes de Grèce démarrent avec l’index. Et si aux Etats-Unis comme sur le Vieux Continent, on déplie les doigts les uns après les autres, au Japon, on ouvre d’abord toute grande sa menotte pour replier un doigt par unité, le pouce en premier.  Essayez ; cela n’a rien d’évident !

Il existe une autre technique pour compter sur ses doigts : celle dite des phalanges. Au fil de l’énumération, on pointe du pouce les phalanges des quatre autres doigts. Si elle est désuète aujourd’hui, la méthode a longtemps fait le bonheur de nos aïeux qui, faute d’avoir suivi les préceptes de Charlemagne, ont dû attendre l’avènement de la IIIe République et les fameuses lois Jules Ferry pour maîtriser vraiment l’algèbre. Résultat : au Moyen-âge et bien après, à huit ans comme à quarante, dans les commerces et sur les marchés, on comptait régulièrement avec les doigts.

TROIS PHALANGES
POUR UN DOIGT

Il n’est pas facile, cependant, de compter avec ses deux mains quand on est encombré d’un panier plein de victuailles. Ainsi, plutôt que de poser ses courses à leurs pieds et de prendre alors le risque de les souiller ou de se les faire chaparder, nos ancêtres utilisaient-ils volontiers la méthode des phalanges qui leur permettait de compter vite et bien sans lâcher l’anse. Or, cette pratique introduit un système non pas décimal, mais duodécimal. Car, faites le compte vous-même, de la première de l’index à la dernière du petit doigt, à l’exception de feu le Baron Empain et de quelques menuisiers, chacun possède douze phalanges.

Avec la technique des phalanges, c’est donc à douze que le compte est rond. Ce qui incitait les ménagères d’antan à acheter leurs œufs et bien d’autres choses à la douzaine. L’usage a survécu, même si, désormais, les candidat(e)s à la Présidentielle mise à part, vu qu’ils sont infoutu(e)s de compter correctement à l’heure d’établir leur programme, les Français, passé le primaire, manient plus ou moins aisément les chiffres sans avoir à les concrétiser sur leurs doigts.

Voilà pourquoi on trouve encore des boîtes de douze œufs (bio de préférence !) dans les supermarchés et des assiettes de douze fines de claire dans tous les restaurants d’Oléron. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), ça me ravit.
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