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Pourquoi les femmes s’expriment bruyamment pendant l’amour (même quand il est tard) ?

Vous êtes à l'hôtel, à une heure où les poules sont couchées depuis déjà longtemps. Soudain, il vous parvient de la chambre d'à côté des gémissements, des soupirs, des cris qui témoignent de la volupté de votre voisine. Ça ne vous est jamais arrivé à vous ? À moi si. Et quitte à ne pas dormir, autant essayer de comprendre comment on en est arrivé là !
Une nuit, parce que votre vol pour Sofia décolle à 10 heures du soir, parce qu’il y a une heure de décalage horaire entre la France et la Bulgarie, parce que votre avion a cinquante minutes de retard, vous prenez possession de votre chambre d’hôtel à 2h30 du matin. Corps et âme à l’unisson ne pensent alors qu’à une chose : dormir ! Quelques minutes et une douche rapide plus tard, blotti sous la couette, vous fermez les yeux, proche de la béatitude, quand, soudain, votre trois étoiles sofiote ignorant tout à fait le concept de l’isolation phonique, votre voisine de la chambre d’à côté vous glisse sur l’oreiller quelques aveux langoureux. Des soupirs, tout d’abord.

Qui se font gémissements.
Qui se font râles.
Qui se font cris !

Et là, vous vous posez une question : ça va durer encore longtemps ? Et comme, fatalité, ça dure vraiment longtemps, il vous en vient une autre : pourquoi ces dames chahutent-elles de si bon cœur quand ces messieurs les entreprennent ?

« Parce qu’elles prennent leur pied », pense le mâle qui pense mal. La réalité est en effet bien plus complexe que le Cro-Magnon tapi en chaque amant veut bien le croire. Certes, les halètements et autres vocalises de sa partenaire peuvent parfois exprimer son plaisir. Mais les manifestations sonores dont de nombreuses femmes nourrissent leurs ébats ne naissent pas uniquement de la jouissance. Elles n’en expliquent qu’une partie, celle de l’orgasme quand le cerveau expulse par un cri le trop plein d’émotion qui menace de le submerger. Une libération qui n’est d’ailleurs pas l’apanage des femmes, même si cela s’entend moins chez leurs compagnons puisque l’orgasme masculin ne dure jamais que six secondes en moyenne, soit trois fois moins que son équivalent féminin.
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Mais revenons à nos moutons… Pourquoi les Bulgares et pas qu’elles hululent-elles quand elles copulent ? Pour se venger de leur abruti de voisin qui, à 2h30 du mat’, a fait rouler sa valise sur le carrelage du couloir avant de mettre des siècles à trouver le trou de la serrure ? Possible ! Mais encore… Par conformisme. Pour une immense majorité d’hommes, la femme heureuse est forcément tumultueuse. Une idée reçue encouragée par le cinéma où, vous l’aurez sans doute remarqué, le plus petit titillement du téton déclenche chez l’actrice un roucoulement d’aise. Et plus encore par le porno, un monde de poètes qui fait rimer septième ciel avec décibel. Du coup, les taiseuses dérangent. Pourtant, le plus souvent, la carpe n’est ni plus ni moins comblée que la pie. Mais allez expliquer ça à son idiot de lapin ! Ainsi, plus d’une femme se fond-elle dans le moule, gémissant avec entrain pour répondre au cliché masculin, rassurer son bonhomme quant au bon usage qu’il fait de sa virilité et s’éviter ainsi, en pleine ascension de l'Everest, la question qui gâche tout : “Ça ne te plaît pas ? ».

HÂTE-TOI DONC D'EN FINIR !

Si certaines femmes, geishas dans l’âme, n’expriment leur plaisir que pour mieux conforter celui de l’homme, il en est plus encore qui ne le font que pour le précipiter. Du moins si l’on en croit Gayle Brewer et Colin Hendrie. Pendant toute une année, ces deux universitaires britanniques se sont penchées sur ce sujet essentiel qu’est la “vocalisation copulatoire femelle”. Et de leurs travaux ô combien rigoureux, ressortent deux faits indiscutables. Primo, que je ne suis pas le seul à consacrer mon temps et mon intelligence à des futilités. Rassurant ! Secundo, que deux femmes sur trois, conscientes du pouvoir excitatif de leurs ronronnements et glapissements, se prêtent plus ou moins sciemment à ce simulacre retentissant pour hâter l’éjaculation de leur partenaire.
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Qui l’eut cru ! Certainement pas tous ces Siffredi du dimanche qui, depuis des lustres, répètent, égrillards, que « plus c’est long, plus c’est bon ». Au point de faire de l’endurance un critère de performance sexuelle. Qu’on se le dise : dans le monde de Rocco et ses frères, mieux vaut être un peine-à-jouir qu’un éjaculateur précoce. Sauf que les femmes sont loin de partager le goût de leurs amants pour les marathons. Pour l’immense majorité d’entre elles, un bon sprint ferait même très bien l’affaire, vu qu’elles ont déjà tout gagné à l’échauffement. Car neuf femmes sur dix le confessent volontiers : elles préfèrent les préliminaires à la pénétration qu’elles jugent souvent ennuyeuse, quand elle n’est pas tout simplement douloureuse. En témoigne une étude publiée il y a quelques années de ça dans le Journal of Sex & Marital Therapy, une revue scientifique britannique. Ses auteurs ont interrogé 1 000 femmes sexuellement actives sur la nature de leur plaisir. Et le résultat est éloquent : moins de 20% d’entre elles ont déclaré atteindre l’orgasme par la pénétration seule. C’est l’ami Georges Brassens qui, là-haut, doit se friser les bacchantes, lui qui osait chanter que « quatre-vingt quinze fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant ».

« LA LANGUE EST UN ORGANE SEXUEL
DONT ON SE SERT OCCASIONNELLEMENT POUR PARLER. »

Boris Vian
Le chant des sirènes ne serait donc qu’une simulation pour précipiter la chute d’Ulysse ? Il y a de cela, oui. Mais là encore, ce n’est qu’une facette parmi d’autres de la vérité. Car cette mélopée langoureuse a d’autres applications bien moins fallacieuses. En premier lieu, parce qu’elle n’est pas seulement suggestive, mais tout autant auto-suggestive, elle permet à la femme d’échapper à son quotidien en créant, par ses modulations érotiques, une ambiance sensuelle, propice à la l’épanouissement de sa sexualité. C’est la méthode Coué appliquée à la fornication : « Si je gémis, c’est que je prends plaisir à ce que je fais ».

ET MAINTENANT, AU GALOP !

Les vocalises intimes de ces dames leurs servent aussi à conduire leur partenaire car, s’il est des vieilles mules, comme feu le banquier Stern, qui ne comprennent que la cravache, l’immense majorité des étalons obéissent à la voix. Certaines amazones montent à mots crus : oh oui, encore, c’est bon, comme ça, continue, je vais jouir… Mais ces audaces verbales en effraient beaucoup. Dès lors, comment faire pour dicter ses désirs à son partenaire ? Par l’inflexion de ses roucoulades. Mimile met dans le mille, Madame envoie les watts. Il fait fausse route, elle baisse d’un ton. Et c’est ainsi que, sans même s’en rendre compte, centaure et cavalière se mettent au diapason. Une harmonie propice à la félicité du couple.

Voilà pourquoi, peut-être, j’ai été empêché de dormir cette fameuse nuit passée dans un hôtel bulgare où les murs n’avaient pas tant d’oreilles que des lèvres entrouvertes qui me disaient un plaisir dont je n’étais pas la cause. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de le savoir et de me dire que je pourrais un jour, à Sofia ou ailleurs (et le plus tard possible), mourir de fatigue mais moins con, ça me ravit.
Crédit photo :
La bouche : Gabriel Matula, via Unspalsh
Le plaisir au féminin : Saulius Rozanas, via Pixabay
Et puisqu'il se dit qu'en France, tout se termine par une chanson, je vous offre celle-là :
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Vous êtes à l'hôtel, à une heure où les poules sont couchées depuis déjà longtemps. Soudain, il vous parvient de la chambre d'à côté des gémissements, des soupirs, des cris qui témoignent de la volupté de votre voisine. Ça ne vous est jamais arrivé à vous ? À moi si. Et quitte à ne pas dormir, autant essayer de comprendre comment on en est arrivé là !
Une nuit, parce que votre vol pour Sofia décolle à 10 heures du soir, parce qu’il y a une heure de décalage horaire entre la France et la Bulgarie, parce que votre avion a cinquante minutes de retard, vous prenez possession de votre chambre d’hôtel à 2h30 du matin. Corps et âme à l’unisson ne pensent alors qu’à une chose : dormir ! Quelques minutes et une douche rapide plus tard, blotti sous la couette, vous fermez les yeux, proche de la béatitude, quand, soudain, votre trois étoiles sofiote ignorant tout à fait le concept de l’isolation phonique, votre voisine de la chambre d’à côté vous glisse sur l’oreiller quelques aveux langoureux. Des soupirs, tout d’abord.

Qui se font gémissements.
Qui se font râles.
Qui se font cris !

Et là, vous vous posez une question : ça va durer encore longtemps ? Et comme, fatalité, ça dure vraiment longtemps, il vous en vient une autre : pourquoi ces dames chahutent-elles de si bon cœur quand ces messieurs les entreprennent ?

« Parce qu’elles prennent leur pied », pense le mâle qui pense mal. La réalité est en effet bien plus complexe que le Cro-Magnon tapi en chaque amant veut bien le croire. Certes, les halètements et autres vocalises de sa partenaire peuvent parfois exprimer son plaisir. Mais les manifestations sonores dont de nombreuses femmes nourrissent leurs ébats ne naissent pas uniquement de la jouissance. Elles n’en expliquent qu’une partie, celle de l’orgasme quand le cerveau expulse par un cri le trop plein d’émotion qui menace de le submerger. Une libération qui n’est d’ailleurs pas l’apanage des femmes, même si cela s’entend moins chez leurs compagnons puisque l’orgasme masculin ne dure jamais que six secondes en moyenne, soit trois fois moins que son équivalent féminin.
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Mais revenons à nos moutons… Pourquoi les Bulgares et pas qu’elles hululent-elles quand elles copulent ? Pour se venger de leur abruti de voisin qui, à 2h30 du mat’, a fait rouler sa valise sur le carrelage du couloir avant de mettre des siècles à trouver le trou de la serrure ? Possible ! Mais encore… Par conformisme. Pour une immense majorité d’hommes, la femme heureuse est forcément tumultueuse. Une idée reçue encouragée par le cinéma où, vous l’aurez sans doute remarqué, le plus petit titillement du téton déclenche chez l’actrice un roucoulement d’aise. Et plus encore par le porno, un monde de poètes qui fait rimer septième ciel avec décibel. Du coup, les taiseuses dérangent. Pourtant, le plus souvent, la carpe n’est ni plus ni moins comblée que la pie. Mais allez expliquer ça à son idiot de lapin ! Ainsi, plus d’une femme se fond-elle dans le moule, gémissant avec entrain pour répondre au cliché masculin, rassurer son bonhomme quant au bon usage qu’il fait de sa virilité et s’éviter ainsi, en pleine ascension de l'Everest, la question qui gâche tout : “Ça ne te plaît pas ? ».

HÂTE-TOI DONC D'EN FINIR !

Si certaines femmes, geishas dans l’âme, n’expriment leur plaisir que pour mieux conforter celui de l’homme, il en est plus encore qui ne le font que pour le précipiter. Du moins si l’on en croit Gayle Brewer et Colin Hendrie. Pendant toute une année, ces deux universitaires britanniques se sont penchées sur ce sujet essentiel qu’est la “vocalisation copulatoire femelle”. Et de leurs travaux ô combien rigoureux, ressortent deux faits indiscutables. Primo, que je ne suis pas le seul à consacrer mon temps et mon intelligence à des futilités. Rassurant ! Secundo, que deux femmes sur trois, conscientes du pouvoir excitatif de leurs ronronnements et glapissements, se prêtent plus ou moins sciemment à ce simulacre retentissant pour hâter l’éjaculation de leur partenaire.
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Qui l’eut cru ! Certainement pas tous ces Siffredi du dimanche qui, depuis des lustres, répètent, égrillards, que « plus c’est long, plus c’est bon ». Au point de faire de l’endurance un critère de performance sexuelle. Qu’on se le dise : dans le monde de Rocco et ses frères, mieux vaut être un peine-à-jouir qu’un éjaculateur précoce. Sauf que les femmes sont loin de partager le goût de leurs amants pour les marathons. Pour l’immense majorité d’entre elles, un bon sprint ferait même très bien l’affaire, vu qu’elles ont déjà tout gagné à l’échauffement. Car neuf femmes sur dix le confessent volontiers : elles préfèrent les préliminaires à la pénétration qu’elles jugent souvent ennuyeuse, quand elle n’est pas tout simplement douloureuse. En témoigne une étude publiée il y a quelques années de ça dans le Journal of Sex & Marital Therapy, une revue scientifique britannique. Ses auteurs ont interrogé 1 000 femmes sexuellement actives sur la nature de leur plaisir. Et le résultat est éloquent : moins de 20% d’entre elles ont déclaré atteindre l’orgasme par la pénétration seule. C’est l’ami Georges Brassens qui, là-haut, doit se friser les bacchantes, lui qui osait chanter que « quatre-vingt quinze fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant ».

« LA LANGUE EST UN ORGANE SEXUEL
DONT ON SE SERT OCCASIONNELLEMENT POUR PARLER. »

Boris Vian
Le chant des sirènes ne serait donc qu’une simulation pour précipiter la chute d’Ulysse ? Il y a de cela, oui. Mais là encore, ce n’est qu’une facette parmi d’autres de la vérité. Car cette mélopée langoureuse a d’autres applications bien moins fallacieuses. En premier lieu, parce qu’elle n’est pas seulement suggestive, mais tout autant auto-suggestive, elle permet à la femme d’échapper à son quotidien en créant, par ses modulations érotiques, une ambiance sensuelle, propice à la l’épanouissement de sa sexualité. C’est la méthode Coué appliquée à la fornication : « Si je gémis, c’est que je prends plaisir à ce que je fais ».

ET MAINTENANT, AU GALOP !

Les vocalises intimes de ces dames leurs servent aussi à conduire leur partenaire car, s’il est des vieilles mules, comme feu le banquier Stern, qui ne comprennent que la cravache, l’immense majorité des étalons obéissent à la voix. Certaines amazones montent à mots crus : oh oui, encore, c’est bon, comme ça, continue, je vais jouir… Mais ces audaces verbales en effraient beaucoup. Dès lors, comment faire pour dicter ses désirs à son partenaire ? Par l’inflexion de ses roucoulades. Mimile met dans le mille, Madame envoie les watts. Il fait fausse route, elle baisse d’un ton. Et c’est ainsi que, sans même s’en rendre compte, centaure et cavalière se mettent au diapason. Une harmonie propice à la félicité du couple.

Voilà pourquoi, peut-être, j’ai été empêché de dormir cette fameuse nuit passée dans un hôtel bulgare où les murs n’avaient pas tant d’oreilles que des lèvres entrouvertes qui me disaient un plaisir dont je n’étais pas la cause. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de le savoir et de me dire que je pourrais un jour, à Sofia ou ailleurs (et le plus tard possible), mourir de fatigue mais moins con, ça me ravit.
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La bouche : Gabriel Matula, via Unspalsh
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