
Pourquoi la Terre est ronde (mais pas tout à fait) ?
Contrairement à ce que l’on pense, la rotondité de notre planète est une conviction déjà ancienne. Elle a pris racine cinq siècles avant notre ère chez les disciples de Pythagore, le fameux philosophe grec dont chacun de nous connaît le nom à défaut du théorème. Leurs travaux furent appuyés par Platon, puis Aristote et, enfin, Ératosthène, un astronome génial qui, trois siècles avant Jésus-Christ, fut le premier à calculer la circonférence du globe terrestre : 39 375 kilomètres. Soit à peine 700 kilomètres de moins que le chiffre admis à ce jour par la communauté scientifique. Pas mal pour un homme qui, faute de connaître Intel et Bill Gates, parvint à son résultat en mesurant l’ombre de deux bâtons, l’un planté à Assouan, l’autre à Alexandrie.

Cette prouesse n’est pas sans poser une question cruciale pour notre avenir : ne consacrons-nous pas notre intelligence à inventer des machines qui, paradoxalement, tendent à réduire chaque jour davantage notre intelligence ? L’interrogation est d’autant plus pertinente que le sujet même de la forme de la Terre illustre parfaitement la « décérébralisation » galopante de nos contemporains. À commencer par nos compatriotes, du moins si l’on en croit un sondage de l’IFOP réalisé en 2017. Cédant à la mode du complotisme, un mouvement qui, au nom de la liberté et de la vérité, propage sur la Toile des propos sinon toxiques, du moins pernicieux ou fantaisistes, près d’un Français sur dix s’y demandait si, finalement, la planète bleue ne serait pas plate. Consternant !
Pire, une enquête de l’IFOP, datée de 2022, nous révèle que 16 % des moins de 24 ans sont convaincus que l’on nous ment sur la forme de la terre. Sur quoi fondent-ils leur jugement ? Sur les travaux de Stephen Hawking, les conférences magistrales du regretté Hubert Reeves ou le vécu de Thomas Pesquet, notre dernier spationaute en date ? Que nenni ! Ils leur préfèrent les démonstrations fumistes des agitateurs de YouTube, Telegram et TikTok. Ça vous fait rire ? Moi pas ! Parce que cette même jeunesse, de plus en plus critique vis-à-vis de la science, a développé une vision de notre monde inquiétante. 27% des jeunes estiment que « les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces, mais ont été créés par une force spirituelle ». Aussi increvable qu'un Terminator, Adam et Ève sont de retour ! Allez, un petit dernier pour la route : 19% des ados et jeunes adultes souscrivent à l’idée que « les pyramides égyptiennes ont été bâties par des extraterrestres ». Ben voyons ! Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier alu… Affligeant !
UN TROU NOIR DANS LA TÊTE !
L’idée d’une terre aux allures de grosse assiette n’est pas neuve. Il y a un siècle de cela, cette théorie ridicule que l’on appelle le « platisme » a fait les choux gras d’un évangéliste américain : Wilbur Voliva. Ce soi-disant serviteur de la Foi qui, au soir de sa vie, dut avouer qu’il avait détourné la fortune de son église à son seul profit, défendait une cosmogonie toute personnelle. Selon lui, Dieu avait placé cette petite boule de feu d’une cinquantaine de kilomètres de large que l’on nomme le Soleil à moins de cinq mille kilomètres de la surface de notre planète qui, à l’entendre, n’avait guère plus de rondeur que la poitrine de Jane Birkin dans les pages fanées (par le temps, tout autant que par mes regards aussi nombreux qu’appuyés) d’un vieux Lui. On peut en rire, reste que le Galilée de l’Illinois compta de son vivant jusqu’à 5 000 fidèles autour de lui. Soit autant que de suffrages glanés par Francis Lalanne et sa liste France libre lors de la dernière élection européenne, en 2024. Est-ce un hasard ?

Relayée depuis les années cinquante par la Flat Earth Society, une association qui, pendant des décennies, n’a jamais réuni davantage que quelques centaines de marginaux, cette conception inepte de notre monde connaît, hélas, un regain d’intérêt depuis que l’« homo facebookus » a supplanté l’homo sapiens dans une grande partie du monde dit « civilisé ». Rien qu’aux États-Unis, douze millions de personnes avouent régulièrement leur sympathie pour ce mouvement et ses croyances. Un phénomène qui prouve, s’il en est besoin, qu’internet a dévié de sa vocation première pour servir bien moins le progrès que le porno et la bêtise humaine.
Car, n’ayons pas peur de le dire, le platisme est d’une stupidité sans égal ! Nul besoin d’être Galilée pour le comprendre. Il suffit de réfléchir deux secondes à une chose toute simple : la nuit. Si la terre était vraiment une galette, nous ne serions jamais plongés dans l’obscurité. Faîtes-en l’expérience lors de votre prochain déjeuner. Tenez une frite au-dessus de votre steak comme si c'était le soleil éclairant notre globe. Et maintenant, projetez-vous — par la pensée évidemment ! — à la surface de la viande. Quelle que soit votre position et celle de votre McCain, vous ne la perdez jamais de vue.
Votre beau-frère n’est pas convaincu par cette démonstration ? Pour éviter que le repas de famille ne tourne au pugilat, offrez-lui une paire de jumelles et gagnez le bord de mer. Demandez-lui de suivre du regard un bateau prenant le large. Il va finir par le perdre de vue. « Il est trop loin », conclut le beauf, sûr de lui, portant aussitôt les jumelles à ses yeux. Et là, à sa grande surprise, malgré les performances de ses optiques, le navire ne réapparaît pas. Normal : ce n’est pas la distance qui a provoqué sa disparition, mais la courbure de la surface terrestre.
UN PEU RENFLÉE À LA TAILLE
Mais revenons à la gravitation... C’est grâce à elle que se forment les planètes. Tout commence invariablement avec une nébuleuse solaire, un nuage de poussières et de gaz pire qu’un H&M le premier jour des soldes. C'est l'hystérie là-dedans ! Ça bouge dans tous les sens. Ça se bouscule, ça s’attrape, ça se fritte, ça se lie… Les premiers cailloux se forment, ils grossissent, fusionnent jusqu’à former des corps célestes de plusieurs kilomètres d’épaisseur. On parle alors de planétésimaux.
Ces embryons vont disparaître suite à une collision, voler de leur propres ailes sous la forme d’un astéroïde ou, plus rarement, se regrouper par milliers, par millions, par milliards pour donner naissance à un bébé planète : le cœur planétaire. Ce nourrisson vorace va capter tout ce qui passe à sa portée, jusqu’à laisser le vide autour de lui. Sa masse devient telle que sa force de gravité se fait irrésistible.
« LA TERRE EST RONDE POUR CEUX QUI S'AIMENT. »
Enfin, presque parfaite ! Car un autre facteur entre alors en jeu : l’effet centrifuge. Il s’exerce sur tout corps soumis à un mouvement circulaire, le poussant vers l’extérieur avec plus ou moins de force selon la vitesse. D'ailleurs, c'est typiquement ce qu'il m'arrive désormais quand je tourne autour de l'un de ces petits culs sus-mentionnés d'un peu trop près !

Ainsi, Jean-Louis Aubert peut-il continuer de rêver d’un autre monde où la Terre, cette fois, serait vraiment ronde, la nôtre ne l’étant pas tout à fait. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de savoir pourquoi et de me dire que je vais mourir gras du bide, mais moins con (et le plus tard possible), ça me ravit.
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Pourquoi Bernard Hinault est surnommé le Blaireau (et Laura Flessel la Guêpe) ?

Pourquoi vend-on les œufs (et les huîtres) à la douzaine ?

Pourquoi les taxis londoniens sont noirs (et les New-yorkais jaunes) ?

Pourquoi les femmes s’expriment bruyamment pendant l’amour (même quand il est tard) ?

Pourquoi la Terre est ronde (mais pas tout à fait) ?
Cette prouesse n’est pas sans poser une question cruciale pour notre avenir : ne consacrons-nous pas notre intelligence à inventer des machines qui, paradoxalement, tendent à réduire chaque jour davantage notre intelligence ? L’interrogation est d’autant plus pertinente que le sujet même de la forme de la Terre illustre parfaitement la décérébralisation galopante de nos contemporains. À commencer par nos compatriotes, du moins si l’on en croit un sondage de l’IFOP réalisé en 2017. Cédant à la mode du complotisme, un mouvement qui, au nom de la liberté et de la vérité, propage sur la Toile des propos sinon toxiques, du moins pernicieux ou fantaisistes, près d’un Français sur dix s’y demandait si, finalement, la Planète bleue ne serait pas plate. Consternant !
UN TROU NOIR DANS LA TÊTE !

Car, n’ayons pas peur de le dire, le platisme est d’une stupidité sans égale ! Nul besoin d’être Hubert Reeves pour le comprendre. Il suffit de réfléchir deux secondes à une chose toute simple : la nuit. Si la terre était vraiment une galette, nous ne serions jamais plongés dans l’obscurité. Faîtes-en l’expérience lors de votre prochain déjeuner. Tenez une frite au-dessus de votre steak comme si c'était le soleil éclairant notre globe. Et maintenant, projetez-vous — par la pensée évidemment ! — à la surface de la viande. Quelle que soit votre position et celle de votre McCain, vous ne la perdez jamais de vue.
Votre beau-frère n’est pas convaincu par cette démonstration ? Pour éviter que le repas de famille ne tourne au pugilat, offrez-lui une paire de jumelles et gagnez le bord de mer. Demandez-lui de suivre du regard un bateau prenant le large. Il va finir par le perdre de vue. « Il est trop loin », conclut le beauf, sûr de lui, portant aussitôt les jumelles à ses yeux. Et là, à sa grande surprise, malgré les performances de ses optiques, le navire ne réapparaît pas. Normal : ce n’est pas la distance qui a provoqué sa disparition, mais la courbure de la surface terrestre.
UN PEU RENFLÉE À LA TAILLE
Mais revenons à la gravitation... C’est grâce à elle que se forment les planètes. Tout commence invariablement avec une nébuleuse solaire, un nuage de poussières et de gaz pire qu’un H&M le premier jour des soldes. C'est l'hystérie là-dedans ! Ça bouge dans tous les sens. Ça se bouscule, ça s’attrape, ça se fritte, ça se lie… Les premiers cailloux se forment, ils grossissent, fusionnent jusqu’à former des corps célestes de plusieurs kilomètres d’épaisseur. On parle alors de planétésimaux.
Ces embryons vont disparaître suite à une collision, voler de leur propres ailes sous la forme d’un astéroïde ou, plus rarement, se regrouper par milliers, par millions, par milliards pour donner naissance à un bébé planète : le cœur planétaire. Ce nourrisson vorace va capter tout ce qui passe à sa portée, jusqu’à laisser le vide autour de lui. Sa masse devient telle que sa force de gravité se fait irrésistible.
« LA TERRE EST RONDE POUR CEUX QUI S'AIMENT. »
Enfin, presque parfaite ! Car un autre facteur entre alors en jeu : l’effet centrifuge. Il s’exerce sur tout corps soumis à un mouvement circulaire, le poussant vers l’extérieur avec plus ou moins de force selon la vitesse. D'ailleurs, c'est typiquement ce qu'il m'arrive désormais quand je tourne autour de l'un de ces petits culs sus-mentionnés d'un peu trop près !

Ainsi, Jean-Louis Aubert peut-il continuer de rêver d’un autre monde où la Terre, cette fois, serait vraiment ronde, la nôtre ne l’étant pas tout à fait. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de savoir pourquoi et de me dire que je vais mourir gras du bide, mais moins con (et le plus tard possible), ça me ravit.
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