Pourquoi le ciel est bleu et le soleil jaune (sauf quand il se couche) ?
Qu’il soit le nouveau Michelange (à défaut d’être un ange tout court !) ou un simple barbouilleur, deux feutres sont essentiels à un enfant de cinq ans : le bleu et le jaune. Le premier lui sert à faire le ciel et le second le soleil. Soit deux piliers de l’art juvénile, le troisième étant Maman avec sa tête en triangle (ou façon haricot) et ses cheveux filasses.
J’en ai conscience : cette dernière figuration peut faire débat, surtout quand on est ladite Maman et qu’on laisse chaque mois au franchisé Dessange de son quartier une somme aussi rondelette que la poitrine siliconée de Nabila. En revanche, concernant les deux premières, là, aucune contestation n’est possible. La vérité sort bien de la trousse des enfants : le ciel est toujours bleu quand le soleil jaune y brille. A l’exception, bien sûr de l’heure du crépuscule où le firmament, comme l’astre qui l’illumine, flamboie dans un camaïeu d’orange qui suscite toujours une folle émotion chez les dames et une rare impatience chez les hommes qui n’attendent que la pénombre pour avoir la main baladeuse.
« LE CIEL N'EST BLEU QUE PAR CONVENTION, MAIS ROUGE EN RÉALITÉ. »
Le ciel est bleu, certes, mais à condition de le contempler depuis le plancher des vaches. Parce que vu de l’espace, il apparaît tout aussi noir que la garde-robe de Dark Vador. Ce qui fait l’azur, c’est en fait l’atmosphère terrestre. Sans l’air, tout pique-nique aurait des allures de dîner aux chandelles car nous serions plongés dans une nuit sans fin gorgée d’étoiles. Cela dit, ce n’est pas bien grave au demeurant puisque sans l’air, nous ne serions pas là pour regretter ce mélange de voûte bleutée et de chips saveur poulet rôti qui fait le succès de tout déjeuner sur l’herbe.
DU CŒUR VIENT LA LUMIÈRE
Comment un mélange de gaz incolores peut transformer du noir en bleu mieux que le nitrite de sodium ne vous change un jambon sain mais pâlot en une tranche d’un rose aussi gourmand que cancérigène ? Tout est une question de matière. Car si l’air est transparent, il n’est pas vide pour autant. Il est chargé des molécules qui le composent auxquelles s’ajoute, au grès de la météo et du trafic routier, une plus ou moins grosse quantité de particules et de gouttelettes d’eau. Un bouillon éclectique que vient percuter la lumière du soleil.
Celle-ci est faite de photons, des grains de lumière théorisés par Einstein qui en fait tout à la fois des particules et des ondes. Les photons sont un trop plein d’énergie dont se libère une matière échauffée. C’est ainsi qu’engagé dans une fusion nucléaire constante, le noyau du soleil en produit des millions de tonnes à la seconde. Leur nature dépend de leur niveau d’énergie. On le mesure en longueur d’onde, soit la distance constante qui sépare deux crêtes du signal émis par le photon. Pour comprendre, prenons une image plus accessible : les vagues, ces ondes de la mer. Plus elles sont fortes, plus leur fréquence est grande et plus elles sont rapprochées. C’est pareil pour les photons.
Les plus mollassons, ceux qui ont donc la plus grande longueur d’onde (donc les vagues les plus écartées), sont les ondes radio. Viennent ensuite les micro ondes, les infrarouges, les ultra violet, les rayons X et les rayons gamma. Et au beau milieu de ce que l’on appelle le spectre électromagnétique, il y a les photons de lumière visible. La lumière blanche, comme on dit. Qui est en fait multicolore, faite de millions de photons aux longueurs d’ondes différentes. Comme chacun le sait ou fait semblant de le savoir pour ne pas passer pour un con, l’œil humain n’en distingue qu’une infime partie. Sept au total, comme le nombre de mercenaires dans l’excellent western de John Sturges : le violet, l’indigo, le bleu, le vert, le jaune, l’orange et le rouge. Soit les couleurs d'un arc-en-ciel ! Mélangez-les toutes en quantité égale et vous obtiendrez du blanc.
Si les photons mettent une centaine de milliers d’années pour remonter à la surface du soleil, il ne leur faut que huit minutes trente pour franchir les presque 150 millions de kilomètres de vide spatial qui nous séparent de notre étoile préférée. Il faut dire qu’ils ne traînent pas en route, filant droit à raison de 299 792 458 mètres par seconde. Jusqu’à rencontrer un obstacle. Pour les plus chanceux, ce sera la peau d’Emily Ratajkowski, le plus sexy des top modèles du moment, bronzant nue autour de sa piscine. Pour d’autres, ce sera une molécule de diazote, le gaz majoritaire dans notre atmosphère. Un choc qui va laisser des bleus !
D'UN BLEU PLUS OU MOINS CLAIR
Les molécules de l’air absorbent une partie des photons. Leurs électrons s’en trouvent alors agités et évacuent sans tarder leur trop plein d’énergie via un nouveau photon de la même fréquence que l’originel. Une éjection qui se fait au petit bonheur la chance. Ça part dans tous les sens et, du même coup, la lumière est largement diffusée. Mais toutes les couleurs ne sont pas logées à la même enseigne. Plus elles sont puissantes, plus elles se diffusent. Un peu comme les ricochets en fait. Plus vous mettez d’énergie dans le jet de votre pierre, plus vous aurez de chance de la voir rebondir plusieurs fois à la surface de l’eau. C’est ainsi que les photons les plus énergiques, le violet, le bleu, et l’indigo, se diffusent beaucoup mieux que les autres, devenant ainsi ultra majoritaires dans l’atmosphère. Ainsi, vu que nous percevons davantage le bleu que le violet qui navigue à la limite de nos capacités oculaires, le ciel est d’azur et pas que chez les poètes.
De même que toutes les pierres ne ricochent pas, tous les photons ne sont pas diffusés lors de leur traversée de l’atmosphère. Nombre d’entre eux parviennent ainsi jusqu’à la surface de la terre. Forcément, on trouve moins de violets et de bleus dans les rangs de ces survivants. Or, si vous diminuez la part de ces couleurs dans la lumière blanche, vous obtenez une lumière… jaune ! Voilà pourquoi le soleil nous semble jaune et, du même coup, le ciel nous paraît parfois plus pâle ! Ben oui, parce que cette lumière jaune rencontre dans les couches les plus basses de l’atmosphère d’autres obstacles que l’air : l’humidité ou la pollution, soit des gouttelettes d’eau et des particules. Et là, c’est du costaud. Impossible ou presque à traverser. La lumière rebondit donc selon le principe de la réflexion, affadissant le bel azur céleste d’une touche de jaune.
Mais que se passe-t-il lors d’un coucher de soleil (ou d’un lever tout autant) ? C’est simple : la lumière solaire ne nous parvient pas alors par le dessus, mais par les côtés ! Son chemin dans l’atmosphère s’en trouve ainsi rallongé. Du coup, elle perd en route un maximum de photons bleus et violets. Or, si vous enlevez une bonne dose de ces deux teintes à du jaune, vous obtenez de l’orange et les sourire béats des filles.
Voilà pourquoi votre stabylo bleu qui, curieusement, traîne toujours dans la chambre de votre môme, est systématiquement vide les rares fois où il vous vient l’idée de vous en servir. Voilà pourquoi également, au crépuscule, une femme vit l’instant présent alors que le gars à côté d’elle imagine déjà le proche avenir, les mains dans les poches et toutes proches de son désir grandissant. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible) sous un ciel qui, ce jour-là, je l’espère, sera d’azur, ça me ravit.
Ciel bleu de Johannes Plenio (Pixabay)
Arc-en-ciel de Albretch Fietz (Pixabay)
Coucher de soleil par Radoan Tanvir (Pixabay)
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J’en ai conscience : cette dernière figuration peut faire débat, surtout quand on est ladite Maman et qu’on laisse chaque mois au franchisé Dessange de son quartier une somme aussi rondelette que la poitrine siliconée de Nabila. En revanche, concernant les deux premières, là, aucune contestation n’est possible. La vérité sort bien de la trousse des enfants : le ciel est toujours bleu quand le soleil jaune y brille. A l’exception, bien sûr de l’heure du crépuscule où le firmament, comme l’astre qui l’illumine, flamboie dans un camaïeu d’orange qui suscite toujours une folle émotion chez les dames et une rare impatience chez les hommes qui n’attendent que la pénombre pour avoir la main baladeuse.
« LE CIEL N'EST BLEU QUE PAR CONVENTION, MAIS ROUGE EN RÉALITÉ. »
Le ciel est bleu, certes, mais à condition de le contempler depuis le plancher des vaches. Parce que vu de l’espace, il apparaît tout aussi noir que la garde-robe de Dark Vador. Ce qui fait l’azur, c’est en fait l’atmosphère terrestre. Sans l’air, tout pique-nique aurait des allures de dîner aux chandelles car nous serions plongés dans une nuit sans fin gorgée d’étoiles. Cela dit, ce n’est pas bien grave au demeurant puisque sans l’air, nous ne serions pas là pour regretter ce mélange de voûte bleutée et de chips saveur poulet rôti qui fait le succès de tout déjeuner sur l’herbe.
DU CŒUR VIENT LA LUMIÈRE
Comment un mélange de gaz incolores peut transformer du noir en bleu mieux que le nitrite de sodium ne vous change un jambon sain mais pâlot en une tranche d’un rose aussi gourmand que cancérigène ? Tout est une question de matière. Car si l’air est transparent, il n’est pas vide pour autant. Il est chargé des molécules qui le composent auxquelles s’ajoute, au grès de la météo et du trafic routier, une plus ou moins grosse quantité de particules et de gouttelettes d’eau. Un bouillon éclectique que vient percuter la lumière du soleil.
Celle-ci est faite de photons, des grains de lumière théorisés par Einstein qui en fait tout à la fois des particules et des ondes. Les photons sont un trop plein d’énergie dont se libère une matière échauffée. C’est ainsi qu’engagé dans une fusion nucléaire constante, le noyau du soleil en produit des millions de tonnes à la seconde. Leur nature dépend de leur niveau d’énergie. On le mesure en longueur d’onde, soit la distance constante qui sépare deux crêtes du signal émis par le photon. Pour comprendre, prenons une image plus accessible : les vagues, ces ondes de la mer. Plus elles sont fortes, plus leur fréquence est grande et plus elles sont rapprochées. C’est pareil pour les photons.
Les plus mollassons, ceux qui ont donc la plus grande longueur d’onde (donc les vagues les plus écartées), sont les ondes radio. Viennent ensuite les micro ondes, les infrarouges, les ultra violet, les rayons X et les rayons gamma. Et au beau milieu de ce que l’on appelle le spectre électromagnétique, il y a les photons de lumière visible. La lumière blanche, comme on dit. Qui est en fait multicolore, faite de millions de photons aux longueurs d’ondes différentes. Comme chacun le sait ou fait semblant de le savoir pour ne pas passer pour un con, l’œil humain n’en distingue qu’une infime partie. Sept au total, comme le nombre de mercenaires dans l’excellent western de John Sturges : le violet, l’indigo, le bleu, le vert, le jaune, l’orange et le rouge. Soit les couleurs d'un arc-en-ciel ! Mélangez-les toutes en quantité égale et vous obtiendrez du blanc.
Si les photons mettent une centaine de milliers d’années pour remonter à la surface du soleil, il ne leur faut que huit minutes trente pour franchir les presque 150 millions de kilomètres de vide spatial qui nous séparent de notre étoile préférée. Il faut dire qu’ils ne traînent pas en route, filant droit à raison de 299 792 458 mètres par seconde. Jusqu’à rencontrer un obstacle. Pour les plus chanceux, ce sera la peau d’Emily Ratajkowski, le plus sexy des top modèles du moment, bronzant nue autour de sa piscine. Pour d’autres, ce sera une molécule de diazote, le gaz majoritaire dans notre atmosphère. Un choc qui va laisser des bleus !
D'UN BLEU
PLUS OU MOINS CLAIR
Les molécules de l’air absorbent une partie des photons. Leurs électrons s’en trouvent alors agités et évacuent sans tarder leur trop plein d’énergie via un nouveau photon de la même fréquence que l’originel. Une éjection qui se fait au petit bonheur la chance. Ça part dans tous les sens et, du même coup, la lumière est largement diffusée. Mais toutes les couleurs ne sont pas logées à la même enseigne. Plus elles sont puissantes, plus elles se diffusent. Un peu comme les ricochets en fait. Plus vous mettez d’énergie dans le jet de votre pierre, plus vous aurez de chance de la voir rebondir plusieurs fois à la surface de l’eau. C’est ainsi que les photons les plus énergiques, le violet, le bleu, et l’indigo, se diffusent beaucoup mieux que les autres, devenant ainsi ultra majoritaires dans l’atmosphère. Ainsi, vu que nous percevons davantage le bleu que le violet qui navigue à la limite de nos capacités oculaires, le ciel est d’azur et pas que chez les poètes.
De même que toutes les pierres ne ricochent pas, tous les photons ne sont pas diffusés lors de leur traversée de l’atmosphère. Nombre d’entre eux parviennent ainsi jusqu’à la surface de la terre. Forcément, on trouve moins de violets et de bleus dans les rangs de ces survivants. Or, si vous diminuez la part de ces couleurs dans la lumière blanche, vous obtenez une lumière… jaune ! Voilà pourquoi le soleil nous semble jaune et, du même coup, le ciel nous paraît parfois plus pâle ! Ben oui, parce que cette lumière jaune rencontre dans les couches les plus basses de l’atmosphère d’autres obstacles que l’air : l’humidité ou la pollution, soit des gouttelettes d’eau et des particules. Et là, c’est du costaud. Impossible ou presque à traverser. La lumière rebondit donc selon le principe de la réflexion, affadissant le bel azur céleste d’une touche de jaune.
Mais que se passe-t-il lors d’un coucher de soleil (ou d’un lever tout autant) ? C’est simple : la lumière solaire ne nous parvient pas alors par le dessus, mais par les côtés ! Son chemin dans l’atmosphère s’en trouve ainsi rallongé. Du coup, elle perd en route un maximum de photons bleus et violets. Or, si vous enlevez une bonne dose de ces deux teintes à du jaune, vous obtenez de l’orange et les sourire béats des filles.
Voilà pourquoi votre stabylo bleu qui, curieusement, traîne toujours dans la chambre de votre môme, est systématiquement vide les rares fois où il vous vient l’idée de vous en servir. Voilà pourquoi également, au crépuscule, une femme vit l’instant présent alors que le gars à côté d’elle imagine déjà le proche avenir, les mains dans les poches et toutes proches de son désir grandissant. Et je ne sais pas pour vous, mais moi, rien que de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible) sous un ciel qui, ce jour-là, je l’espère, sera d’azur, ça me ravit.
Ciel bleu de Johannes Plenio (Pixabay)
Arc-en-ciel de Albretch Fietz (Pixabay)
Coucher de soleil par Radoan Tanvir (Pixabay)