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Pourquoi la margarita (le cocktail, pas la pizza) s’appelle comme ça ?

C’est l’un des cocktails les plus consommés au monde. Son nom sonne latino, comme la tequila, l’un de ses ingrédients. Pourtant, il a été inventé par une Yankee, un jour d’ennui, sous le soleil d’Acapulco, au bord du Pacifique.
Il en va de la margarita (le cocktail, pas la pizza) comme des chansons de Céline Dion : la première m’est agréable, la seconde supportable, mais, dès la troisième, ça me saoule ! Il faut dire qu’outre le sel et le citron vert, elle contient une bonne dose de Cointreau et de tequila (la margarita bien sûr, pas Céline).

Le premier est une fameuse liqueur angevine à base d’écorces d’orange, inventée en 1875 par Édouard Cointreau. D’où son nom, forcément ! La seconde est une eau-de-vie que les Mexicains tirent de la distillation de l’agave bleu. Et mon tout est assez riche en alcool pour vous faire rire de pas grand chose, sortir des sottises ou des déclarations d’amour (dans les deux cas, on les regrettera pareillement à son réveil), parler fort et gesticuler, transpirer, tituber et, passé le verre de trop, vomir lamentablement dans les toilettes ou le jardin. Santé !

Mais que l’on en abuse ou, comme le veut la formule consacrée, qu’on le consomme avec modération, ce breuvage reste unique en son genre. En effet, de tous les grands classiques de la mixologie, cet art du mélange alcoolisé, il est à ma connaissance le seul cocktail qui ne soit pas issu des expériences d’un bartender en quête d’originalité ou d’un alcoolique éclusant les fonds de verre en fin de soirée. Non, la margarita (le cocktail, pas la pizza) a été inventée par une femme tout ce qu’il y a de plus respectable et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle s’appelle comme ça.

DU PLONGEOIR AUX COMPTOIRS

Nous sommes en 1948. Le soleil brille sur la baie d’Acapulco, l’une des plus belles du Mexique. Comme nombre de ses compatriotes, Bill et Margaret Sames, couple modèle de la bonne société de Dallas, coulent des jours tranquilles au bord d’une piscine, dans leur villa envahie d’amis. Trop tranquilles ! L’oisiveté est mère de tous les vices, comme me l’a souvent rappelé ma grand-mère, et l’alcool en est un que la riche Texane se met en tête de cultiver. Pour fuir la torpeur tropicale et réveiller l’enthousiasme de ses camarades, elle décide en effet d’inventer le premier cocktail au monde à base de tequila, le tord-boyaux local. Elle a très vite l’idée de le marier à l’un de ses péchés mignons : le Cointreau.

« JE BOIS POUR RENDRE LES AUTRES INTÉRESSANTS. »

George Jean Nathan
Hélas, ses premiers essais, trop aigres ou, à l’inverse, trop sucrés, sont infructueux. Des échecs aussitôt sanctionnés par les joyeux drilles qu’elle prend pour cobayes par un bain forcé dans la piscine. Ça rit, ça se pousse à l’eau, ça s’éclabousse, ça teste et ça picole mais, après quelques plongeons, la dame finit tout de même par trouver son bonheur. Elle shake cinq centilitres de tequila, trois de Cointreau et deux de jus de citron vert avant de servir le tout dans un verre givré à la fleur de sel. Le verdict ? Tout simplement parfait ! Une histoire qui prouve une nouvelle fois que, pour réussir, il faut savoir se mouiller.

DES STARS POUR AMBASSADEURS

Les jours passent, les invités de Lady Sames aussi et tous de plébisciter the Margarita’s drink, la boisson de Margarita, comme ils aiment surnommer leur hôte. Parmi les premiers aficionados, quelques célébrités de l’époque, tels Nicky Hilton, fils de Conrad, le magnat de l’hôtellerie de luxe, Sheldon McHenry, propriétaire du Tail O ‘the Cock, l’un des restaurants les plus populaires de Los Angeles, Joseph Drown, fondateur du Bel Air, célèbre palace californien, ou bien encore John Wayne et Lana Turner. Tous ces influenceurs d’une époque ou le meilleur des réseaux sociaux s’appelait encore le cinéma, vont ramener la recette de ce délicieux cocktail de l’autre côté du Rio Grande et en faire ce succès qu’il est encore aujourd’hui.

Voilà pourquoi la margarita s’appelle comme ça. Le cocktail, pas la pizza. Parce que pour ce qui est de la spécialité napolitaine, il n’y a que sur les cartes des mauvais pizzaïoli qu’on l’a trouve orthographier ainsi, à l’espagnole. Tous les autres le savent : il faut écrire « margherita ». À l’italienne ! Comme le prénom de cette reine, épouse d’Umberto Ier, à laquelle Raffaele Esposito, pizzaïolo émérite, dédia sa création lors du séjour que le couple royal fit dans la ville de Naples, en juin 1889. Il s’inspira pour l’occasion du drapeau national , mariant le rouge (la tomate), le blanc (la mozzarella di bufala) et le vert (les feuilles de basilic) pour signer, sans le savoir, l’une des recettes de cuisine les plus populaires au monde. Et je ne sais pas vous, mais moi, de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), en dégustant, pourquoi pas, une margherita arrosée d’une margarita, ça me ravit.
Crédits photo :
Fleurs & maragarita
: Jill Fulton - Pixabay
Et puisqu'il se dit qu'en France, tout se termine en chanson, je vous offre non pas un verre, mais ce clip :
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C’est l’un des cocktails les plus consommés au monde. Son nom sonne latino, comme la tequila, l’un de ses ingrédients. Pourtant, il a été inventé par une Yankee, un jour d’ennui, sous le soleil d’Acapulco, au bord du Pacifique.
Il en va de la margarita (le cocktail, pas la pizza) comme des chansons de Céline Dion : la première m’est agréable, la seconde supportable, mais, dès la troisième, ça me saoule ! Il faut dire qu’outre le sel et le citron vert, elle contient une bonne dose de Cointreau et de tequila (la margarita bien sûr, pas Céline).

Le premier est une fameuse liqueur angevine à base d’écorces d’orange, inventée en 1875 par Édouard Cointreau. D’où son nom, forcément ! La seconde est une eau-de-vie que les Mexicains tirent de la distillation de l’agave bleu. Et mon tout est assez riche en alcool pour vous faire rire de pas grand chose, sortir des sottises ou des déclarations d’amour (dans les deux cas, on les regrettera pareillement à son réveil), parler fort et gesticuler, transpirer, tituber et, passé le verre de trop, vomir lamentablement dans les toilettes ou le jardin. Santé !

Mais que l’on en abuse ou, comme le veut la formule consacrée, qu’on le consomme avec modération, ce breuvage reste unique en son genre. En effet, de tous les grands classiques de la mixologie, cet art du mélange alcoolisé, il est à ma connaissance le seul cocktail qui ne soit pas issu des expériences d’un bartender en quête d’originalité ou d’un alcoolique éclusant les fonds de verre en fin de soirée. Non, la margarita (le cocktail, pas la pizza) a été inventée par une femme tout ce qu’il y a de plus respectable et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle s’appelle comme ça.

DU PLONGEOIR
AUX COMPTOIRS

Nous sommes en 1948. Le soleil brille sur la baie d’Acapulco, l’une des plus belles du Mexique. Comme nombre de ses compatriotes, Bill et Margaret Sames, couple modèle de la bonne société de Dallas, coulent des jours tranquilles au bord d’une piscine, dans leur villa envahie d’amis. Trop tranquilles ! L’oisiveté est mère de tous les vices, comme me l’a souvent rappelé ma grand-mère, et l’alcool en est un que la riche Texane se met en tête de cultiver. Pour fuir la torpeur tropicale et réveiller l’enthousiasme de ses camarades, elle décide en effet d’inventer le premier cocktail au monde à base de tequila, le tord-boyaux local. Elle a très vite l’idée de le marier à l’un de ses péchés mignons : le Cointreau.

« JE BOIS POUR RENDRE LES AUTRES INTÉRESSANTS. »

George Jean Nathan

Hélas, ses premiers essais, trop aigres ou, à l’inverse, trop sucrés, sont infructueux. Des échecs aussitôt sanctionnés par les joyeux drilles qu’elle prend pour cobayes par un bain forcé dans la piscine. Ça rit, ça se pousse à l’eau, ça s’éclabousse, ça teste et ça picole mais, après quelques plongeons, la dame finit tout de même par trouver son bonheur. Elle shake cinq centilitres de tequila, trois de Cointreau et deux de jus de citron vert avant de servir le tout dans un verre givré à la fleur de sel. Le verdict ? Tout simplement parfait ! Une histoire qui prouve une nouvelle fois que, pour réussir, il faut savoir se mouiller.

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Les jours passent, les invités de Lady Sames aussi et tous de plébisciter the Margarita’s drink, la boisson de Margarita, comme ils aiment surnommer leur hôte. Parmi les premiers aficionados, quelques célébrités de l’époque, tels Nicky Hilton, fils de Conrad, le magnat de l’hôtellerie de luxe, Sheldon McHenry, propriétaire du Tail O ‘the Cock, l’un des restaurants les plus populaires de Los Angeles, Joseph Drown, fondateur du Bel Air, célèbre palace californien, ou bien encore John Wayne et Lana Turner. Tous ces influenceurs d’une époque ou le meilleur des réseaux sociaux s’appelait encore le cinéma, vont ramener la recette de ce délicieux cocktail de l’autre côté du Rio Grande et en faire ce succès qu’il est encore aujourd’hui.

Voilà pourquoi la margarita s’appelle comme ça. Le cocktail, pas la pizza. Parce que pour ce qui est de la spécialité napolitaine, il n’y a que sur les cartes des mauvais pizzaïoli qu’on l’a trouve orthographier ainsi, à l’espagnole. Tous les autres le savent : il faut écrire « margherita ». À l’italienne ! Comme le prénom de cette reine, épouse d’Umberto Ier, à laquelle Raffaele Esposito, pizzaïolo émérite, dédia sa création lors du séjour que le couple royal fit dans la ville de Naples, en juin 1889. Il s’inspira pour l’occasion du drapeau national , mariant le rouge (la tomate), le blanc (la mozzarella di bufala) et le vert (les feuilles de basilic) pour signer, sans le savoir, l’une des recettes de cuisine les plus populaires au monde. Et je ne sais pas vous, mais moi, de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), en dégustant, pourquoi pas, une margherita arrosée d’une margarita, ça me ravit.
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