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Pourquoi mange-t-on de l’agneau et des œufs (en chocolat) à Pâques ?

C'est la première des célébrations printanières qui, d'un pont à l'autre, vont nous conduire jusque sur la route des vacances d'été. Dans les sociétés chrétiennes, Pâques a longtemps réuni les hommes au prétexte de célébrer le sacrifice et la résurrection du Christ. Aujourd'hui, le week-end pascal est plus sûrement une bonne affaire pour les hôteliers, les bouchers et les chocolatiers.

Chaque année, passé le Nouvel An, c’est le même cérémonial : nous prenons le calendrier de Clara Morgane ou celui tout neuf que le même facteur qui, l’année durant, ne sonne jamais à la porte quand il a un recommandé, a su nous fourguer à prix d’or. Et là, on fonce direct sur le mois d’avril pour répondre à cette question cruciale : c’est quand le prochain ? Le prochain quoi ? Le prochain pont ! Celui de Pâques, le seul qui puisse nous faire aimer ce jour honni qui est le lundi.

Pour la France laborieuse, le long week-end pascal est en effet une bénédiction. Depuis une loi promulguée le 8 mars 1886 faisant de son lundi un jour férié, elle profite en effet d’un repos bien mérité après un hiver rigoureux qui n’aura connu comme seul bonheur — du moins pour les plus privilégiés d’entre nous — qu’une semaine de congés payés à la neige ou sous le soleil des Antilles, les uns comme les autres étant également entachés d’un bilan carbone effroyable.

Nos doigts glissent donc sur le carton vernis brillant, dans la colonne d’avril, jusqu’à trouver enfin ce jour férié si délicieux. Et là, c’est la bonne surprise ou la déception, car Pâques est une fête glissante. Elle ne se célèbre jamais à la même date, fluctuant d’une année à l’autre entre le 22 mars et le 25 avril. Un grand écart qui nous promet, selon les millésimes, une giboulée ou le premier coup de soleil. Et, à moins d’être une grenouille, ce n’est pas franchement pareil.

UNE RIVALITÉ RELIGIEUSE

La faute en revient au Concile de Nicée qui, en l’an 325, à l’appel de l’empereur romain Constantin Ier, réunit pour la première fois l’ensemble des évêques de la toute jeune église chrétienne. Lors de ce qui ressembla fort à un congrès médical, les adultères et l’alcool en moins, il fut décidé, entre autres choses, de fixer une nouvelle date pour les fêtes pascales. Jusqu’alors, en effet, la Pâque chrétienne collait de trop près à Pessa’h, la Pâque juive, commémoration de l’Exode d’Israël hors d’Égypte. Dans les deux cas, les festivités commençaient le 14 Nissan, premier mois du calendrier hébraïque qui, pour mémoire, suit le cycle lunaire.

Pour de bonnes âmes qui vouaient au camp d’en face le même amour qu’un cadre de Coca éprouve pour ceux de Pepsi, cette confusion fut jugée fâcheuse. Il fut donc décidé de prendre définitivement ses distances avec la concurrence en adoptant un autre mode de calcul que le sien. C’est ainsi que l’on institua la formule qui, aujourd’hui encore, décide du chiffre d’affaires printanier des hôteliers tropéziens : le monde chrétien fêterait désormais la résurrection du Christ (car c’est bien cela que l’on célèbre et non la naissance de Saint Nicolas, le saint patron des chocolatiers) le premier dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps. Or, celle-ci obéit au cycle de la nature et non à notre calendrier grégorien. D’où notre appréhension à l’heure de vérifier la date annuelle du premier pont de l’année.

DOUX COMME UN AGNEAU

Si les agendas juif et chrétien diffèrent (enfin, le plus souvent, puisqu’il arrive ponctuellement que les modes de calcul des uns et des autres les conduisent à une date commune), il est en revanche une tradition que les adorateurs du Christ n’ont jamais cessé de partager avec les enfants de Moïse. C’est celle de se régaler d’un carré au thym, d’un gigot à l’ail, d’une épaule rôtie ou, pour les Pieds Noirs et leurs descendances, d’un méchoui, peu importe, pourvu que ce soit de l’agneau. Cette gourmandise qui, aux yeux des vegans, fait d’un week-end festif et printanier le pire des génocides, nous vient de Dieu en personne.

C’est lui qui, lancé dans un combat à mort avec Râ et son pharaon, ordonna le sacrifice d’un agneau par foyer, lors de l’une des nombreuses visioconférences qu’il établit avec Moïse. Son projet n’était pas tant de promouvoir la future filière ovine néo-zélandaise que de sauver la marmaille du peuple élu. En effet, il commanda aux siens de badigeonner leurs portes du sang agnelin à l’aide d’une branche d’hysope pour que l’Ange de la Mort qu’il enverrait terrasser tous les premiers nés égyptiens, épargne les Hébreux.

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Pendant longtemps, on sacrifia des agneaux à Jérusalem pour se souvenir de cet épisode pour le moins sanglant des Dix plaies d’Égypte. Le rite se perdit néanmoins après la rébellion juive contre l’Empire Romain qui se solda, en 70, par la défaite des premiers, la destruction du Second Temple et une terrible répression. Néanmoins, le souvenir de l’offrande pascale a persisté à travers l’épaule ou, tout au moins, l’os d’agneau que l’on retrouve au menu immuable du seder, le repas traditionnel de Pessa’h.

Les Chrétiens aussi ont conservé le goût de l’agneau. Mais comme il leur fallait encore une fois marquer leur différence, ils en ont détourné le sens premier. Chez eux, l’agneau pascal ne fait plus  du tout référence à l’Exode, mais au Christ lui-même. Celui qu’ils nomment l’Agnus Dei depuis que Saint Jean Baptiste, voyant Jésus arriver, se serait écrié, si l’on en croit l’évangile selon Saint Jean, «  Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Et il est vrai que le Nazaréen, tel les agneaux qui, plus de deux mille ans plus tôt, sauvèrent les enfants juifs de la mort, se sacrifia, donnant sa vie et son sang, pour racheter nos fautes.

LES ŒUFS SONT FAITS

Et les œufs en chocolat qui, chaque année, à Pâques, plus sûrement que des côtelettes grillées, font le bonheur des enfants, les doit-on au Christ pareillement ? Un peu, oui. En effet, ils répondent eux-aussi d’un rite religieux inspiré des Évangiles. Il y est dit qu’entre son baptême et le début de sa mission divine, Jésus séjourna dans le désert pendant quarante jours. Le tarif habituel pour qui entend laver les hommes de leurs péchés puisque le Déluge ou bien encore le jeûne qui, pour Moïse précéda la révélation de la Table des lois, auraient duré exactement le même temps.

Cette épisode de la vie de Jésus que l’on appelle La Tentation du Christ (car il fut confronté durant sa retraite à Satan), a inspiré l’Église. C’est encore lors d’un concile, organisée cette fois à Laodicée, quelques dizaines d’années après celui de Nicée, que la bonne idée vint aux ecclésiastiques. Pourquoi ne pas soumettre leurs ouailles à 40 jours sinon de jeûne, au moins de vaches maigres, afin de les inviter à plus de spiritualité et de dévotion. Ainsi naquit le carême, une pratique en comparaison de laquelle un régime Weight Watchers a des allures d’orgie romaine.

Les premiers temps, l’Église n’autorisait à ses fidèles qu’un peu de pain et de fruits secs. L’anémie menaçant, elle revut peu à peu sa copie pour finir par autoriser un repas léger quotidien, avant de se contenter, vers la fin du Moyen-âge, de bannir des tables les plus pieuses la plupart des produits d’origine animale. Au rang desquels les œufs, bien évidemment. Les poules, créatures impies s’il en est, continuant de pondre comme si de rien n’était, leurs propriétaires prirent l’habitude de conserver leur production, non sans cuire les pontes les plus anciennes pour éviter l’intoxication alimentaire. Ce n’est qu’au dimanche de Pâques, premier jour de bombance, qu’ils sortaient les œufs de leurs garde-manger pour les partager alors avec leurs proches.

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Pour autant, le chemin est encore long qui mène jusqu’aux Kinder surprise, Lindor de Lindt et autres Milka Daim qui, désormais, font la joie des enfants et, dès qu’ils ont le dos tourné, celle de leurs parents. En effet, pendant longtemps, le cacao se consomme exclusivement liquide. Le chocolat à croquer tel que nous le connaissons ne voit le jour qu’en 1847. On le doit aux Anglais de la maison Fry & Sons, l’une des toutes premières chocolateries au monde. Ils ont l’idée de mélanger leur beurre de cacao à du sucre et au chocolat en poudre inventé vingt ans plus tôt par Coenraad Johannes van Houten, un concurrent néerlandais. Ils obtiennent ainsi une pâte molle qu’ils versent alors sur de grandes plaques de fer pour les solidifier. La tablette est née.

Un quart de siècle plus tard, la technique du moulage se développe dans toute l’Europe et les chocolatiers font fabriquer des moules en fer de plus en plus sophistiqués. Bien entendu, afin de récupérer à leur profit une tradition bien établie, ils sont nombreux à privilégier l’ovale afin de produire des œufs de Pâques 100 % chocolat.


Voilà pourquoi, quand nous nous mettons devant la télé le lundi de Pâques pour regarder l’énième diffusion d’un vieux film de cape et d’épée, histoire de digérer le festin pascal, les touches de la télécommande poissent toujours un peu du chocolat fondu que notre progéniture y a laissé avant nous. Et je ne sais pas vous, mais moi de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), plus sûrement d’un abus de chocolat que d’agneau, ce quasi nouveau-né pour lequel, je l’avoue, j’ai depuis quelques années déjà bien plus de tendresse que d’appétit, ça me ravit.

Illustrations :
L'œuf en chocolat : Simon Greig, via Visualhunt.com
L'agneau : PublicDomainPictures, via Pixabay
Les œufs peints : Zauberei, via Pixabay
Et puisqu'il se dit qu'en France, tout se termine par une chanson, je vous offre celle-là :
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Chaque année, passé le Nouvel An, c’est le même cérémonial : nous prenons le calendrier de Clara Morgane ou celui tout neuf que le même facteur qui, l’année durant, ne sonne jamais à la porte quand il a un recommandé, a su nous fourguer à prix d’or. Et là, on fonce direct sur le mois d’avril pour répondre à cette question cruciale : c’est quand le prochain ? Le prochain quoi ? Le prochain pont ! Celui de Pâques, le seul qui puisse nous faire aimer ce jour honni qui est le lundi.

Pour la France laborieuse, le long week-end pascal est en effet une bénédiction. Depuis une loi promulguée le 8 mars 1886 faisant de son lundi un jour férié, elle profite en effet d’un repos bien mérité après un hiver rigoureux qui n’aura connu comme seul bonheur — du moins pour les plus privilégiés d’entre nous — qu’une semaine de congés payés à la neige ou sous le soleil des Antilles, les uns comme les autres étant également entachés d’un bilan carbone effroyable.

Nos doigts glissent donc sur le carton vernis brillant, dans la colonne d’avril, jusqu’à trouver enfin ce jour férié si délicieux. Et là, c’est la bonne surprise ou la déception, car Pâques est une fête glissante. Elle ne se célèbre jamais à la même date, fluctuant d’une année à l’autre entre le 22 mars et le 25 avril. Un grand écart qui nous promet, selon les millésimes, une giboulée ou le premier coup de soleil. Et, à moins d’être une grenouille, ce n’est pas franchement pareil.

UNE RIVALITÉ RELIGIEUSE

La faute en revient au Concile de Nicée qui, en l’an 325, à l’appel de l’empereur romain Constantin Ier, réunit pour la première fois l’ensemble des évêques de la toute jeune église chrétienne. Lors de ce qui ressembla fort à un congrès médical, les adultères et l’alcool en moins, il fut décidé, entre autres choses, de fixer une nouvelle date pour les fêtes pascales. Jusqu’alors, en effet, la Pâque chrétienne collait de trop près à Pessa’h, la Pâque juive, commémoration de l’Exode d’Israël hors d’Égypte. Dans les deux cas, les festivités commençaient le 14 Nissan, premier mois du calendrier hébraïque qui, pour mémoire, suit le cycle lunaire.

Pour de bonnes âmes qui vouaient au camp d’en face le même amour qu’un cadre de Coca éprouve pour ceux de Pepsi, cette confusion fut jugée fâcheuse. Il fut donc décidé de prendre définitivement ses distances avec la concurrence en adoptant un autre mode de calcul que le sien. C’est ainsi que l’on institua la formule qui, aujourd’hui encore, décide du chiffre d’affaires printanier des hôteliers tropéziens : le monde chrétien fêterait désormais la résurrection du Christ (car c’est bien cela que l’on célèbre et non la naissance de Saint Nicolas, le saint patron des chocolatiers) le premier dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps. Or, celle-ci obéit au cycle de la nature et non à notre calendrier grégorien. D’où notre appréhension à l’heure de vérifier la date annuelle du premier pont de l’année.

DOUX COMME UN AGNEAU

Si les agendas juif et chrétien diffèrent (enfin, le plus souvent, puisqu’il arrive ponctuellement que les modes de calcul des uns et des autres les conduisent à une date commune), il est en revanche une tradition que les adorateurs du Christ n’ont jamais cessé de partager avec les enfants de Moïse. C’est celle de se régaler d’un carré au thym, d’un gigot à l’ail, d’une épaule rôtie ou, pour les Pieds Noirs et leurs descendances, d’un méchoui, peu importe, pourvu que ce soit de l’agneau. Cette gourmandise qui, aux yeux des vegans, fait d’un week-end festif et printanier le pire des génocides, nous vient de Dieu en personne.

C’est lui qui, lancé dans un combat à mort avec Râ et son pharaon, ordonna le sacrifice d’un agneau par foyer, lors de l’une des nombreuses visioconférences qu’il établit avec Moïse. Son projet n’était pas tant de promouvoir la future filière ovine néo-zélandaise que de sauver la marmaille du peuple élu. En effet, il commanda aux siens de badigeonner leurs portes du sang agnelin à l’aide d’une branche d’hysope pour que l’Ange de la Mort qu’il enverrait terrasser tous les premiers nés égyptiens, épargne les Hébreux.

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Pendant longtemps, on sacrifia des agneaux à Jérusalem pour se souvenir de cet épisode pour le moins sanglant des Dix plaies d’Égypte. Le rite se perdit néanmoins après la rébellion juive contre l’Empire Romain qui se solda, en 70, par la défaite des premiers, la destruction du Second Temple et une terrible répression. Néanmoins, le souvenir de l’offrande pascale a persisté à travers l’épaule ou, tout au moins, l’os d’agneau que l’on retrouve au menu immuable du seder, le repas traditionnel de Pessa’h.

Les Chrétiens aussi ont conservé le goût de l’agneau. Mais comme il leur fallait encore une fois marquer leur différence, ils en ont détourné le sens premier. Chez eux, l’agneau pascal ne fait plus  du tout référence à l’Exode, mais au Christ lui-même. Celui qu’ils nomment l’Agnus Dei depuis que Saint Jean Baptiste, voyant Jésus arriver, se serait écrié, si l’on en croit l’évangile selon Saint Jean, «  Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Et il est vrai que le Nazaréen, tel les agneaux qui, plus de deux mille ans plus tôt, sauvèrent les enfants juifs de la mort, se sacrifia, donnant sa vie et son sang, pour racheter nos fautes.

LES ŒUFS SONT FAITS

Et les œufs en chocolat qui, chaque année, à Pâques, plus sûrement que des côtelettes grillées, font le bonheur des enfants, les doit-on au Christ pareillement ? Un peu, oui. En effet, ils répondent eux-aussi d’un rite religieux inspiré des Évangiles. Il y est dit qu’entre son baptême et le début de sa mission divine, Jésus séjourna dans le désert pendant quarante jours. Le tarif habituel pour qui entend laver les hommes de leurs péchés puisque le Déluge ou bien encore le jeûne qui, pour Moïse précéda la révélation de la Table des lois, auraient duré exactement le même temps.

Cette épisode de la vie de Jésus que l’on appelle La Tentation du Christ (car il fut confronté durant sa retraite à Satan), a inspiré l’Église. C’est encore lors d’un concile, organisée cette fois à Laodicée, quelques dizaines d’années après celui de Nicée, que la bonne idée vint aux ecclésiastiques. Pourquoi ne pas soumettre leurs ouailles à 40 jours sinon de jeûne, au moins de vaches maigres, afin de les inviter à plus de spiritualité et de dévotion. Ainsi naquit le carême, une pratique en comparaison de laquelle un régime Weight Watchers a des allures d’orgie romaine.

Les premiers temps, l’Église n’autorisait à ses fidèles qu’un peu de pain et de fruits secs. L’anémie menaçant, elle revut peu à peu sa copie pour finir par autoriser un repas léger quotidien, avant de se contenter, vers la fin du Moyen-âge, de bannir des tables les plus pieuses la plupart des produits d’origine animale. Au rang desquels les œufs, bien évidemment. Les poules, créatures impies s’il en est, continuant de pondre comme si de rien n’était, leurs propriétaires prirent l’habitude de conserver leur production, non sans cuire les pontes les plus anciennes pour éviter l’intoxication alimentaire. Ce n’est qu’au dimanche de Pâques, premier jour de bombance, qu’ils sortaient les œufs de leurs garde-manger pour les partager alors avec leurs proches.

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Pour autant, le chemin est encore long qui mène jusqu’aux Kinder surprise, Lindor de Lindt et autres Milka Daim qui, désormais, font la joie des enfants et, dès qu’ils ont le dos tourné, celle de leurs parents. En effet, pendant longtemps, le cacao se consomme exclusivement liquide. Le chocolat à croquer tel que nous le connaissons ne voit le jour qu’en 1847. On le doit aux Anglais de la maison Fry & Sons, l’une des toutes premières chocolateries au monde. Ils ont l’idée de mélanger leur beurre de cacao à du sucre et au chocolat en poudre inventé vingt ans plus tôt par Coenraad Johannes van Houten, un concurrent néerlandais. Ils obtiennent ainsi une pâte molle qu’ils versent alors sur de grandes plaques de fer pour les solidifier. La tablette est née.

Un quart de siècle plus tard, la technique du moulage se développe dans toute l’Europe et les chocolatiers font fabriquer des moules en fer de plus en plus sophistiqués. Bien entendu, afin de récupérer à leur profit une tradition bien établie, ils sont nombreux à privilégier l’ovale afin de produire des œufs de Pâques 100 % chocolat.


Voilà pourquoi, quand nous nous mettons devant la télé le lundi de Pâques pour regarder l’énième diffusion d’un vieux film de cape et d’épée, histoire de digérer le festin pascal, les touches de la télécommande poissent toujours un peu du chocolat fondu que notre progéniture y a laissé avant nous. Et je ne sais pas vous, mais moi de le savoir et de me dire que je vais mourir moins con (et le plus tard possible), plus sûrement d’un abus de chocolat que d’agneau, ce quasi nouveau-né pour lequel, je l’avoue, j’ai depuis quelques années déjà bien plus de tendresse que d’appétit, ça me ravit.

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